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La Mort en Rêve | SOLO

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Mer 2 Jan 2019 - 15:56

mise à mort : forte et immédiate réduction de l'espérance de vie
Peut-on se souvenir du futur ? Se demanda Théodora en chiffonnant le journal d’un air rageur et en le jetant dans le foyer de sa salle commune, comment vivre le présent quand en plus du passé, le futur vous encombre et parasite vos pensées ? Elle trouvait cette idée particulièrement saugrenue parce qu’immanquablement elle restait persuadée que mourir comme elle l’avait fait n’avait rien de réducteur, mais restait une tragédie amère et cruelle. Cette sagesse était sûrement due au fait que dans ce corps de ses quinze ans, elle avait l’âge qu’elle avait eu morte – à savoir vingt et un ans.

A compter de son réveil en 1970, Théodora Perpetua Puffett savait qu’il lui restait un peu plus de cinq ans à vivre, presque six, avant de mourir. Pourtant, une sorte d’urgence la secouait régulièrement, un sentiment gluant et horrible qui s’accrochait à ses pensées – et si tu changeais ta vie ? Pourquoi marcher dans les pas tracés auparavant, pourquoi ne pas changer ? Pourquoi ne pas oser inviter un garçon au bal de Noël, pourquoi ne pas aller parler librement au gens que tu admires de loin ? Pourquoi ne pas vivre, pour ne rien regretter après ?

Parce que, finalement, certaines choses sont certainement immuables – comme la mort.

Alors que pourtant, elle était là, assise et bien réelle, dans un confortable fauteuil à oreilles, ses livres sur les genoux, ses notes sur le guéridon et les yeux perdus dans le vague – entre passé et présent, entre présent et futur devenu passé. Ses souvenirs floutés par la mort et le retour en arrière, mais pour autant toujours aussi vivides dans son esprit, Théodora retourna à son devoir avec une énergie renouvelée, une énergie qui la conduisit jusqu’au portes du sommeil.

Théodora se retrouva dans son blouson de cuir noir – hérité de son homonyme, sentant les mèches de sa courte tignasse bouclée redevenue brune, tomber sur son front couvert de sueur. Rien n’en finissait jamais, ça ne s’arrêterait jamais, cette litanie tournait dans sa tête et elle assistait au fil de ses pensées, hagarde. Théo avait choisi de devenir Auror, elle avait choisi de suivre les pas de son père et avait trouvé une place au sein d’une brigade qui servait sous les sortilèges et maléfices pour ralentir au mieux la marche de Voldemort. C’était un choix que pendant cette amère soirée, elle avait brièvement regretté, au cœur de Londres elle transplanait de toits en toits dans l’espoir de retrouver les Mangemorts aperçus un peu plus tôt dans la soirée. La nuit était tombée avec une chape de brouillard, pour ne rien arranger le sol glissant grinçait sous les épaisses semelles de ses bottines lacées, des bottes de combats quasiment, aux épaisses semelles qui dérapaient sur le béton et les pavés humides.

Ce qui avait été traumatisant n’avait pas été la mort de son père en 1972, ni celle de sa tante en 1973 – elle n’avait pas vu les corps, ni assisté à ces morts. Elle n’avait fait que les assimiler comme des faits, ces personnes ne viendraient plus jamais la voir, elle ne leur parlerait plus jamais de vive voix et seules quelques photos seraient les mémoires mouvantes de leurs visages. Non ce qui avait été vraiment traumatisant, ça avait été de mourir, mourir à son âge – soudainement, en cette soirée humide et froide, elle avait espéré et proféré de nouveaux espoirs. Elle aurait aimé devenir mère, elle aurait aimé aimer quelqu’un jusqu’à en devenir presque malade, elle aurait aimé danser le soir de ses noces dans une salopettes blanche, elle aurait aimé accompagner ses enfants sur le Chemin de Traverse et savoir dans quelle maison ils auraient été répartis. Elle se jura vainement que si elle sortait vivante ce de traquenard, elle avouerait ses sentiments à un homme, qu’elle aurait des enfants, qu’elle vivrait une vie qui lui paraissait inaccessible autrefois – mais qui maintenant représentait tout, malgré les blessures du passé.  

Théo grimpa sur le rebord du toit et entendit un cri sur sa droite, elle transplana sur la chaussée et d’un mouvement du poignet sortit sa baguette de la manche de son blouson – elle les retroussa sur ses bras nus, hérissés par une chair de poule alimentée par le froid et l’angoisse. Elle courut le long du trottoir avant d’agiter sa baguette d’un mouvement sec.

La porte devant elle sauta en arrière, propulsée par une force formidable – la jeune femme fonça tête en avant dans la pièce et se retrouva devant un cadavre. Le visage déformé par la mort ne lui fit pourtant rien – ce n’était pas le premier visage au rictus mortuaire qu’elle voyait hélas, la guerre en faisait ainsi une sans cœur qu’une nausée secoua brièvement avant qu’elle ne grimpe les escaliers quatre à quatre. Sa baguette toujours à la main elle la leva en arrivant en haut de l’escalier, mais elle la leva une fraction de seconde trop tard. Une silhouette qui lui arrivait sous l’épaule lui bondit dessus – lui coupant le souffle, un enfant, un gamin terrorisé qui avait sûrement dû se cacher là. Sa survie était un miracle, mais Théodora n’eut pas le temps de réfléchir outre-mesure, un bruit au rez-de-chaussée lui fit réaliser qu’ils n’étaient pas seuls, elle poussa le jeune garçon dans la pièce devant elle sans prononcer le moindre mot, utilisant ses mains pour lui indiquer la fenêtre – en essayant de faire le moins de bruit possible.

Mais en entendant l’escalier craquer il gémit de peur, Théodora plaqua sa main sur sa bouche, ses yeux exorbités de terreur. Elle allait mourir, elle allait mourir mais il ne fallait pas que ce gamin meure, par tous les moyens il fallait qu’il s’en sorte – parce que au moins elle ne serait pas morte en vain. Elle ferma la porte d’un sortilège, espérant s’offrir plus de temps – soudainement la maison s’agitait, elle comprit que dans les étages de ce petit immeuble plusieurs familles avaient scellé leur destin en ne quittant pas la maison quelques minutes plus tôt.

Pourquoi les Mangemorts ne l’avaient pas arrêté en bas de cet escalier ? Pourtant, elle avait fait un boucan d’enfer en entrant dans le petit immeuble. Elle agrippa le montant de la fenêtre et l’ouvrit, sentant un clou lui blesser l’épaule au travers du cuir de son blouson. Sans explications outre mesure, sentant les pas s’approcher, entendant les sortilèges et les cris, elle poussa l’adolescent dehors en ignorant ses cris et ses pleurs, une fois sur les toits elle lui jeta un sifflet. Ce sifflet était enchanté, celui qui soufflait dedans appelait les aurors à proximité – cette merveille avait été ensorcelée par sa tante Arabella. Elle lui indiqua des mains ce qu’il devait faire du sifflet et referma la fenêtre, avant que la fenêtre ne se clenche, elle souffle d'une voix tremblante.

Cours...Ne te retourne pas. Curieuses dernières paroles, songea Dora en assistant à cet étrange souvenir mué en rêve cruel.

Théodora avait à ce moment là remercié ses longues heures à réviser ses sortilèges durant son adolescence, car elle eut juste le temps de se retourner après avoir scellé la fenêtre. Quand elle se retourna, la porte dégondée gisait sur le sol à quelques pas d’elle, elle vit un masque en face d’elle, un bras levé tenait une baguette, la silhouette noire se tenait dans l’encadrement de la porte, le temps comme suspendu. Elle inspira et un sanglot l’étrangla, c’était son heure et le pire c’était qu’elle ne pouvait rien faire d’autre qu’accepter, aucun regret sur son sauvetage ne vint gâter ses pensées, elle accepta simplement ce qui devait se produire, elle esquissa un sourire et ses paupières tombèrent sur ses prunelles chocolat une dernière fois – sa main s’ouvrit et sa baguette chuta en direction du sol.

Sa baguette n’avait pas encore touché le sol quand un éclair vert la percuta en pleine poitrine.

Théodora se propulsa en avant, tant et si bien qu’elle chuta sur le sol, son nez rencontrant le tapis. Elle toussa violemment, avant de rouler sur le côté pour se relever. Dans sa poitrine, son cœur tentait de s’échapper en brisant ses côtes, ses poumons lui brûlaient atrocement et ses oreilles sifflaient atrocement. Elle poussa une bordée de jurons hors de ses lèvres glacées et se leva en réajustant ses lunettes sur son nez.

Pas une deuxième fois, pas une deuxième fois…

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