[Flashback 1971] Première baguette magique (Ollivander)

Le Chemin de Traverse est bondé. De nombreux enfants sorciers cavalent entre les mères de famille, qui exaspérées, ronchonnent en les menaçant avec leurs baguettes magiques. Une baguette magique. Remus en rêve depuis qu'il est gamin. Et c'est justement le but de sa présence ici. Sa main dans celle de son paternel, il s'avance tout content, cherchant des yeux la boutique d'Ollivander, le meilleur créateur de baguettes magiques du Royaume-Uni. Son sac à dos est déjà rempli à craquer de livres, d'encre, de plumes et d'objets scolaires divers, et son dos commence à lui faire mal, mais il s'en fiche royalement. La perspective de recevoir sa propre baguette l'enchante trop pour lui laisser le temps de se plaindre.

Tandis qu'ils dépassent une boutique de balais (boutique à laquelle il ne prête aucune attention tant l'idée de voler sur un bout de bois l'angoisse mortellement), ses yeux se posent finalement sur la devanture du magasin. Anxieux, mais très excité, le jeune Remus ouvre la porte avant d'entrer, seul, son père préférant l'attendre dehors. Le loup-garou s'avance donc vers le comptoir, pour l'instant désert, qu'il contemple avec attention. « Bonjour ? » Sa voix s'élève, hésitante. Il ne connait pas du tout monsieur Ollivander, sinon par réputation. Il parait que le vieil homme est assez étrange, mais Remus ne s'en formalise pas. Ollivander est simplement un génie, et les génies sont toujours un peu spéciaux. Après tout, il faut être doté d'une intelligence certaine pour concevoir des baguettes magiques, non ?

Les traits de son visage se crispent soudain lorsque la silhouette du fabriquant se dévoile sous ses yeux curieux. « Bonjour monsieur, je viens acheter une baguette magique. Je rentre bientôt à Poudlard. » Remus se mordille aussitôt la lèvre, conscient de sa bêtise. Evidemment qu'il va à Poudlard. Un génie comme Ollivander le sait pertinemment. Le garçon n'a tellement pas l'habitude de côtoyer des gens de l'extérieur qu'il se jette sur n’importe quel prétexte pour entamer la discussion. Quitte à dire des bêtises. Devant la fenêtre, son père lui adresse un signe de la main, comme pour l'encourager. Mais Remus a peur. Et si aucune baguette ne lui convenait, à cause de son statut de loup-garou ?

Le sourire que lui lance le fabriquant de baguettes magiques rassure aussitôt Remus, qui se détend peu à peu. C'est pour ça qu'il n'écoute pas souvent les racontars et les rumeurs. Ollivander semble être très gentil, et à l'écoute de ses clients, même des plus jeunes. Un sourire timide se dévoile donc sur les lèvres du jeune loup-garou alors qu'il écoute, presque religieusement, l'homme qui lui fait face. « D'accord, à tout de suite, monsieur. »

Tandis qu'Ollivander le laisse dans le magasin pour se rendre dans l'arrière boutique, Remus observe silencieusement les étagères remplies de baguettes. Il a hâte d'avoir la sienne, qu'il imagine déjà en souriant comme un bienheureux. Le sorcier ne connait pas vraiment les différents bois et les cœurs des baguettes, mais il sait que la sienne lui conviendra parfaitement. Après tout, Ollivander est le maître incontesté dans ce domaine, et il compte bien se fier à son jugement. Qu'un loup-garou de son état obtienne sa propre baguette et qu'il puisse intégrer Poudlard est déjà un miracle en soit, alors il ne compte pas pinailler.

Le fabriquant revient soudain de l'arrière boutique, tenant dans ses mains un écrin ocre. Son sourire rassure d'autant plus Remus, qui, surexcité, ne tient plus en place. S'il est d'un naturel calme et mesuré habituellement, le garçon a bien trop hâte d'essayer sa baguette pour calmer ses émotions. Celle-ci est en bois de houx et possède un crin de Sombral en son cœur. Un animal magique qu'il connait peu, mais dont son père lui a déjà parlé. Selon son paternel, ces animaux portent malheur et souffrent d'une réputation négative. Un peu comme lui, finalement. Remus attrape délicatement la baguette magique tendue par Ollivander, sentant immédiatement une sensation de chaleur se dégager d'elle. Son corps tout entier semble vibrer en harmonie avec la brindille magnifique qu'il tient comme s'il ne voulait plus jamais la lâcher. « Je... merci monsieur Ollivander. Elle est parfaite. » Son bonheur est tel qu'il en viendrait presque à verser une larme. L'émotion qu'il ressent est palpable. Auparavant, Remus croyait que son côté lycanthrope allait l'empêcher d'être comme les autres. Et finalement, le voilà qui reçoit sa propre baguette !

Son père entre soudain dans la boutique et salue chaleureusement monsieur Ollivander avant de sortir une petite bourse de sa veste pour payer la baguette magique. Remus, rayonnant, lui adresse un grand sourire. Son plus grand rêve s'est enfin réalisé, et c'est en partie grâce à Ollivander.